III
UN PAYS DE COCAGNE
Le commissionnaire Gaspar avait dit vrai, Jean Dalbret était un Savoisien du petit village de Valéry, perché à 2.320 mètres au milieu du dédale chaotique des Alpes. Seul au monde, sans parents, sans attaches d’aucune sorte, il avait dû refouler au plus profond de son être les trésors d’affection qui bouillonnaient en lui. Il avait rêvé de réparer d’un coup l’injustice du sort, de se marier, d’avoir la compagne aimante, de se créer la famille absente ; mais un orphelin, sans le sou… Quel serait le père assez dénaturé pour lui confier le bonheur de sa fille ?
Alors Jean s’était dit :
— Il faut faire fortune !
Et par amour pour une femme, encore inconnue, qui serait la gardienne de son foyer, le but des palpitations de son cœur, il avait émigré vers le Sud-Américain, dont les trésors légendaires exercent une sorte de fascination sur les Français qui s’expatrient.