— Maîtresse Maguita (diminutif de Margarita), fit-elle enfin en essayant d’adoucir son accent guttural, maîtresse Maguita, toi triste toujou, toi couvri tes yeux de larmes.
— Tu sais ce qui m’attriste, Yani.
— Oui, mais pourquoi toi penser tout ça… toi oublier si vouloir.
— Oublier… C’est vrai, ma pauvre Yani, tu es Indienne, toi. Tu ne comprends pas ma souffrance.
— Moi comprendre toi devoi rire.
— Tu m’aimes cependant et je te suis reconnaissante de ta tendresse. Ne parlons plus… Yani, je veux essayer de dormir… pour oublier.
Silencieusement, la jeune indigène la regardait. Las, contrairement au désir exprimé, Maguita ne dormit pas. D’imperceptibles contractions de son visage dénotaient que sa pensée veillait. Elle songeait en effet, et le passé se déroulait devant elle.
Elle se revoyait petite, avec son père, le marquis de Vilarocca, gentilhomme milanais que le jeu avait ruiné. Des créanciers avides