défiance sauvage et aussi l’épouvante de l’abandon.
Que cela est drôle ! Mon cerveau me semble un écran de cinéma. J’y vois, bizarre, la crèche, le petit Roi Jésus, l’âne, le bœuf… et encore les rois Mages, coiffés de chapeaux hauts-de-forme, chargés d’oies appétissantes. Oh ! ces rois, ils ressemblent à mes compatriotes de Londres comme une goutte de cocktail ressemble à une autre goutte de cocktail. Mais tous. Mages, animaux, prononcent un même mot, un seul :
— Pardon ! Pardon !
Je regarde la petite mendiante. Les yeux bleus sont toujours fixés sur moi.
— Venez, je lui dis. Je vous ferai donner un lunch, une chambre à l’hôtel Demain vous me donnerez l’explication de votre isolement.
Elle secoue la tête d’un mouvement de désespérance obstinée :
— Puisque je vous dis que je suis Boche !
— Non, petite chose. C’est Christmas, vous êtes… Pardonnée.