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NOTICE
SUR RUTILIUS NUMATIANUS.

Parmi les derniers représentants de la littérature latine, plusieurs appartiennent à la Gaule, et ce ne sont pas les moins honorables : de ce nombre est Cl. Rutilius Numatianus.

On le fait naître à Toulouse ou à Poitiers. Son père, Lachanius, avait été proconsul en Toscane, et les Pisans lui avaient élevé une statue en reconnaissance de ses services. Lui-même fut maître des offices, puis préfet de Rome, en 417, sous Honorius. Tous ces renseignements sont tirés de l’ouvrage même de Rutilius.

Il fut, en 419, rappelé en Gaule par les malheurs de sa patrie. C’est ce voyage qu’il a décrit dans un poëme, dont il ne nous reste que le premier chant et soixante vers environ du second.

Rutilius était païen : il appartenait à cette portion encore considérable de la société romaine qui, consternée des désastres de l’empire, les attribuait à la religion nouvelle, et confondait dans un regret égal les victoires et la religion des Scipions et des Césars. Aussi, chez Rutilius, quel amour pour la vieille Rome ! quel enthousiasme pour ce merveilleux séjour ! quel respect pour l’ombre même de cette grandeur éclipsée ! et, en même temps, quelle haine pour le christianisme, contemporain de tant de malheurs et de tant d’abaissement ! Peut-être a-t-il aussi contre le nouveau culte une rancune d’amour-propre : ses croyances avaient dû nuire à sa fortune politique ; et d’ailleurs, la nécessité où il se trouvait de dissimuler jusqu’à un certain point son aversion pour la religion dominante, devait encore donner à son dépit quelque chose de plus vif et de plus amer.

Et pourtant, ce qui fait surtout l’intérêt de son livre, c’est cette dévotion pour la vieille Rome et cet acharnement furieux