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à un père que j’ai perdu, m’arrachent des larmes, et une joie douloureuse me fait verser des pleurs. Mon père autrefois gouverna les champs Tyrrhéniens, et exerça le pouvoir confié aux six faisceaux proconsulaires, il racontait, je m’en souviens, que, dans une carrière marquée par tant d’honneurs, c’était le gouvernement de Toscane qui avait le plus flatté son cœur. En effet, ni la charge de distributeur des largesses sacrées (une dignité si haute !), ni l’office de questeur ne lui fut plus agréable. Et même, qui le croirait ? son affection pour les Toscans allait jusqu’à lui faire préférer ce gouvernement à la préfecture. Il avait raison, il avait éprouvé leur amour : leur reconnaissance honore sa mémoire par d’éternelles actions de grâces ; et les vieillards, recueillant leurs souvenirs, parlent à leurs enfants de son gouvernement, tout à la fois ferme et modéré. Ils sont heureux de voir que mes dignités ne sont pas au-dessous de celles de mon père, et ils m’aiment ainsi et pour mon père et pour moi-même. Cette gloire paternelle, je l’ai vue confirmée par de fréquents témoignages en parcourant le voisinage de la voie Flaminia ; le nom de Lachanius est révéré comme celui d’un dieu par la Tyrrhénie tout entière, par les enfants des Lydiens. Aimée des gens de bien, cette province conserve les mœurs antiques ; elle mérite d’avoir toujours de bons gouverneurs, semblables au noble fils de Lucillus, à Décius, qui gouverne les riches campagnes et les peuples de Corythus. Il est naturel qu’un père qui voit ses vertus reproduites par un fils aussi grand, soit heureux d’une telle ressemblance. La muse mordante de Lucillus, se jouant dans la satire, égalera Turnus et Juvénal. Ses amères censures ont rétabli l’antique pudeur ; châtier le vice, c’est enseigner la vertu. Autrefois, dispensateur scrupuleux des largesses sacrées, n’a-t-il pas repoussé les Harpies qui l’assiégeaient. Ces Harpies, dont les ongles déchirent l’univers, dont les pieds ne touchent