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formé de la réunion de toutes les dualités. Son visage frappe d’abord par une expression de sagesse ; l’équité y respire et commandé l’admiration. Ces éloges peuvent paraître suspects dans la bouche d’un Gaulois vantant un concitoyen ; mais Rome, dont il a été le préfet, peut lui rendre témoignage. Au lieu des biens paternels, il ne possède en Ombrie qu’une habitation médiocre ; mais la vertu égale pour lui la bonne et la mauvaise fortune. Ce peu qu’il possède encore, semble une richesse à ce cœur invincible ; c’est que jadis les richesses lui semblaient être peu de chose. Un étroit terrain renfermait autrefois les maîtres des rois ; un enclos de quelques arpents enfantait les Cincinnatus : pour nous l’exemple de Protadius vaut bien le soc de Serranus et le foyer de Fabricius.

Dès que j’eus placé mes embarcations dans un abri sûr, je me rends à Pise par la route de terre. Le tribun me fournit des chevaux ; il m’offre même des voitures ; ce tribun était mon ami, depuis qu’il avait servi avec moi, lorsque, comme maître des offices, je commandais le palais et la garde du pieux empereur.

Je contemple cette ville antique, originaire des bords de l’Alphée ; l’Arnus et l’Auser l’entourent d’un double courant. Ces rivières, en se réunissant, forment un cône de pyramide, et la langue de terre qu’ils embrassent, étroite à son extrémité, va en s’élargissant. Mais dans leur lit commun, l’Arnus conserve son nom et le garde jusqu’à la mer. Longtemps avant que la fortune vînt greffer le rameau troyen sur la souche des rois de Laurence, le sol de l’Étrurie reçut Pise, sortie de l’Élide ; son nom révèle et atteste son origine.

Là s’offrit à mes yeux l’image sacrée de mon père, que les Pisans ont placée dans leur forum. Les éloges donnés