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enfin le repos et un asile qui les rassura contre le danger. Un grand nombre d’îles n’avaient pu échapper aux désastres du continent, et la cavalerie des Goths, malgré la nature, s’était fait craindre jusque sur les mers. C’est un prodige que, par une contradiction singulière, ce port ait été à la fois si près des Romains et si loin des Goths.

Nous entrons dans les eaux de l’Umbro ; c’est une rivière assez considérable ; sa large embouchure est un asile pour les vaisseaux effrayés de la tempête. Toujours il présente un accès facile aux navires que la mer y apporte, lorsque l’ouragan furieux s’abat sur les flots. J’aurais voulu descendre sur cette rive tranquille ; mais les matelots ont hâte d’aller plus loin, et il faut les suivre. Mais voilà qu’en dépit de notre impatience le vent et le jour nous abandonnent à la fois ; nous ne pouvons ni avancer, ni revenir sur nos pas. Nous choisissons sur le sable du rivage une place pour y passer la nuit : un bois de myrtes nous fournit le feu du soir. Nous dressons sur nos rames de petites tentes ; un croc en travers forme le sommet de cette retraite improvisée.

Le jour, arrive, nous avançons à force de rames ; nous semblons rester en place, mais l’éloignement de la terre nous prouve que nous avons fait du chemin. Nous rencontrons Ilva, célèbre par ses mines de fer, aussi riche que celles du Noricum. Les vastes forges des Bituriges n’en travaillent pas une quantité plus grande ; le feu n’en dégage pas davantage des minerais de la Sardaigne. Une terre si riche en fer est plus utile aux peuples que le sable semé de paillettes d’or sur lequel roule le Tage, le fleuve de Tartesse. L’or, fléau des nations, enfante tous les vices ; l’aveugle amour de l’or conduit à tous les crimes. L’or triomphe de la vertu conjugale ; les embrassements des vierges, l’or peut les acheter. L’honneur même, vaincu par l’or, livre les villes vainement défendues ; c’est au