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des Assyriens ; les rois puissants des Parthes, les souverains de Macédoine n’ont dominé due successivement. Et ce n’est pas qu’à ta naissance tu aies pu disposer de plus de courages, de plus de bras ; mais tu as été plus prudente et plus sage. Des guerres justement entreprises, ta modération pendant la paix ont fait briller ta gloire et mis le comble à la puissance. Tu es moins grande par ta royauté même que par la conduite qui t’en a rendue digne ; tes actions surpassent encore tes magnifiques destinées. Entreprendre de compter tes gloires attestées par tant de trophées, ce serait vouloir nombrer les étoiles. Tes temples resplendissants éblouissent nos yeux étonnés : telle doit être la demeure même des dieux. Que dire de ces ruisseaux que des voûtes suspendent ait milieu des airs à une hauteur où Iris élèverait à peine soir arc chargé de pluie ? on croirait voir dans ces monuments des montagnes entassées jusqu’au ciel par la main de ces géants dont la Grèce exalte les travaux. Détournés de leur cours, des fleuves sont enfermés dans tes murs ; tes bains placés au sommet des édifices épuisent des lacs entiers. Tu vois aussi circuler dans ton enceinte des eaux vives, nées du sol même de la ville et qui y résonnent de toutes parts. La fraicheur qu’elles répandent tempère les chaudes vapeurs de l’été, et l’on peut sans danger se désaltérer dans leurs ondes limpides. Jadis un torrent d’eaux bouillantes, jaillissant tout à coup du sol, rompit sous les pas de l’ennemi le chemin de la roche Tarpéienne : si cette source avait continué de couler, on pourrait ne voir dans cet événement que l’effet du hasard ; mais elle ne jaillit que pour te secourir, puisqu’ensuite elle disparut. Parlerai-je des forêts enfermées dans l’enceinte de tes palais, et où des oiseaux égayent leurs maîtres de leurs chants variés ? Le printemps t’appartient ; jamais il ne cesse d’adoucir l’atmosphère, et l’hiver vaincu respecte ton délicieux séjour.