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la fille gardassent le lit, le matin, tant que bon leur semblait, — endroit commode où croquer les biscottes au beurre et au miel et boire le café. Il leur ordonnait ensuite de se baigner et de s’enduire le corps avec de l’élixir au benjoin ; de se passer le visage aux fumigations de lait mijotant à petit feu ; de se rendre la chevelure luisante en la frottant avec de l’huile d’amande parfumée au musc, et les ongles brillants en passant dessus le pinceau trempé dans le baume à l’aniline d’acajou. Puis, c’était tout un travail d’adresse avec la toilette des cils, sourcils, lèvres et pommettes. Et quand tout cela était bien fini, il fallait déjeuner, fumer, et faire la sieste ; se lever, vers l’heure où le soleil entre dans la kindié, brûler des aromates, boire des sirops et, enfin, entamer le gros morceau de la journée : les chants, les danses, la fête qui durait jusqu’à minuit.

Ma mère était beaucoup plus riche que mon père, et malgré ses dépenses folles, sa fortune, placée dans les entreprises peu claires de ses frères, lui rapportait des revenus si grands qu’il lui en restait de quoi capitaliser tous les mois (et toujours chez ses frères) de l’argent destiné à Kyra et à moi.

Je ne connais pas très bien l’histoire de