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« C’était un Grec qui avait été autrefois mon ami, et qui venait en délateur et en criminel.

« Debout tous trois devant la porte restée ouverte, le premier mot, pour tout bonsoir, fut celui du traître. Allongeant le bras et me montrant, il dit en roumain :

« C’est ça, votre monsieur Isvoranu ?… Je comprends qu’il soit lié : ça c’est Stavro, le salepgdi et le p… »

« À ce dernier mot, qui dénommait mon vice et le sien, Tincoutza lança un cri et roula par terre, tandis que moi…

« Empoigné par la cruauté et la vengeance de mes beaux-frères, je fus traîné dans le magasin et foulé aux pieds, frappé sur la tête, sur la figure, sur la poitrine jusqu’à ce que je m’évanouisse. Puis…

« Puis je me réveillai dehors sur la neige, devant la porte verrouillée de la cour qui donnait sur un passage fermé. J’étais glacé… Les membres, la poitrine, la tête meurtris… Et pour tous vêtements d’hiver, je me trouvais en bras de chemise, nu-tête.

« Je rassemblai mes forces et j’allai demander hospitalité au Turc qui me fournissait le salep dix-huit mois auparavant ; il me reçut en chrétien et me soigna en frère.