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« En effet, ce « tout à l’heure » fut joli, car, minuit sonnant, je m’aperçus que des petites balles, faites de mie de pain, partirent de plusieurs directions et vinrent me frapper au visage, puis des morceaux de pain, et au bout de quelques minutes, de grosses tranches.

« Qu’est-ce que cela veut dire ? » demandai-je.

« Eh bien, cela veut dire qu’il faut vous lever d’ici et aller faire votre devoir ! » cria marraine.

« Je vous jure, mes amis, que je ne comprenais pas ; mais j’ai compris quand mon parrain me prit à part et me dit de quel devoir il s’agissait. Pendant qu’il me parlait, la marraine et la tante faisaient la toilette de Tincoutza dans la chambre à coucher qui nous était destinée ; puis elles vinrent m’embrasser, ainsi que le père, et, sans plus, ils m’ouvrirent la porte, me poussèrent dedans, et la refermèrent sur mon dos.

« Pendant cet instant, un des plus tragiques de ma vie, je me rappelle encore vaguement avoir vu la tête divinement belle de Tincoutza reposant sur la blancheur de l’oreiller, sa chevelure noire répandue tout autour d’elle, et ce fut tout pour ce soir-là : je tombai évanoui au milieu de la chambre !…