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la peine d’être honnête ; je ferai comme toi ! — Mais tu n’es pas plus honnête que moi, criait Trandafir ; tu as voulu gagner mon argent : j’ai été plus malin et j’ai gagné le tien, voilà tout. — Oui, convint le paysan, je n’ai pas été beaucoup plus honnête que toi ; pour cela je te laisse un ducat : donne-moi les quatre autres. Sinon, je me jette dans la Jalomitza, et c’est un péché… J’ai à la maison une femme jeune et seule… Nous nous sommes pris d’amour… Et les cinq ducats étaient tout l’avoir qui pendait à son collier. Je les avais pris pour acheter deux chevaux et labourer la terre… »

Trandafir sauta comme brûlé au fer rouge : « Comment ? Imbécile, tu enlèves les ducats de ta femme pour acheter des chevaux ? Ah, tu ne mérites pas d’avoir une femme avec un collier de ducats ! — Mais que faire ? se lamentait le jeune homme. — Que faire ? hurla le tzigane ; eh bien, aller les voler à trois lieues de ton pays et laisser les ducats au cou de ta femme ! » Et s’adressant à moi, Trandafir me dit : « As-tu jamais vu un Roumain aussi bête que celui-ci ?… » Disant cela, il devint pensif, fuma et cracha. Le paysan pleurait dans ses mains. Alors j’ai vu ceci : Trandafir se tourna vers le jeune homme, lui fit tomber les mains, et, vite comme