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mon associé, mais je peux te faire salepgdi. On gagne bien.

— Oh, fit-il ; on gagne bien ! Ton salep ne me fera jamais gagner assez pour que je puisse, tous les six mois, ajouter un nouveau ducat au collier de ducats impériaux de ma belle Miranda, et alors, mon vieux, elle s’en ira chez un autre, car, vois-tu, l’amour est volage !… » Je convins qu’il avait raison : le salep ne rapporte pas des ducats, tandis que ses « trois cartes »…, eh bien, ses « trois cartes » lui rapportèrent, le jour dont je parle, cinq ducats de douze francs, en moins d’un après-midi. Mais voilà que ces ducats vinrent, cette fois-ci, accompagnés d’une histoire bien amusante : le jeune paysan dépouillé de son avoir ne voulait plus lâcher Trandafir, et tous les deux, après une course folle à attrape-moi à travers champs, arrivèrent devant moi pour me prendre comme arbitre. Le paysan disait : « S’il ne veut pas me rendre mon argent, alors qu’il m’apprenne son métier ; oui, son métier ; je ferai comme lui. » Trandafir levait les épaules : « Il est fou ce cojane ! Quelle béléa, quelle béléa[1] !

— Non, mon vieux, disait l’autre ; l’argent, mon argent, ou ton métier ! Ça ne vaut pas

  1. Embarras.