Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mouton. Assis sur un sofa, près de lui, je lui débitais tout ce qui était conforme à mon plan, et il gobait tout.

« Ainsi, j’ai pu facilement saisir son faible : il avait besoin d’un homme débrouillard pour continuer son aifaire, et il avait vu en moi cet homme. On sait que le roumain est peu commerçant ; il n’est que l’esclave de la terre. Comme il voulait donner sa fille à un négociant versé dans une branche de commerce, et comme, de l’autre côté, il n’y avait que les étrangers pour manipuler avec succès, dans ce temps-là, des affaires faciles et rémunératrices, il fut content de se trouver en face d’un homme du pays qui avait roulé sa bosse, qui connaissait des langues et qui pouvait donner des conseils même à ses deux fils, aussi stupides que lui ; car, tout en me demandant comment ces brutes avaient pu réaliser une pareille fortune, je venais d’apprendre que la mère morte avait été une capacité commerciale de premier ordre. La fille possédait son tempérament ; mais, depuis le décès de la mère, la maison était plongée dans la langueur.

« Mon apparition y avait apporté de l’air respirable ; chacun des cinq êtres le respirait à sa façon. Le vieux et ses deux fils, — qui venaient, tous les quinze jours,