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temps que sur ce que je cherchais depuis mon retour, (environ une année) : le vin était parfois servi par une belle « crâsmaritza », la fille du patron. Et je suis devenu le fidèle consommateur de ce bon vin, ainsi que la proie des flammes que lançaient les yeux noirs de l’idole. Mais j’ai été prudent : la maison était austère et très riche. En plus, elle n’aimait pas les étrangers, bien que sa fortune vînt d’eux.

« Alors, la première des choses que je fais à la hâte est de me procurer des papiers roumains, opération facile dans les pays du Saint-Bakchiche[1]. D’un jour à l’autre, j’enterre « Stavro, le salepgdi », et je deviens Domnul Isvoranu, « marchand de cuivreries de Damas ». Le nom et la qualité plaisent. On a des égards et des attentions. La maison n’avait pas de mère. Le père était vieux, sévère, et souffrant des jambes.

« Après trois mois de fréquentation, je me vois un soir retenu à dîner en famille. Là, je rencontre une tante qui remplaçait la mère, accaparait la fille avec sa tendresse ; mais je constate surtout qu’il est toujours bien de ne jamais mentir qu’à moitié. À table se trouvaient deux frères,

  1. Pourboire, pot-de-vin.