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de la vie qui lui manque. Il me manquait. En rentrant en Roumanie, je venais pour le demander à ceux dont les mœurs sont plus conformes à la vérité sensuelle. Ils me l’ont donné, mais tout juste pour me faire connaître un moment cet appui, et ils me l’ont retiré promptement, honteusement, pour me rejeter dans le vice. Voici comment :

« Sitôt arrivé, j’ai repris mon métier de salepgdi[1], en battant les marchés et les foires, mais en dehors de Braïla, aux environs, et même plus loin. Dans la ville, personne ne savait quelle était mon occupation. Le salep, je l’achetais en cachette chez un Turc, me donnant pour compatriote et lui laissant voir seulement ce que je voulais. Ainsi, je travaillais peu et gagnais bien, surtout que je m’appuyais sur la réserve que je portais dans ma ceinture. Là-dessus, je me mis à faire des connaissances.

« Habillé en ghiabour[2], et payant, sans regarder, des okas de vin par-ci par-là, je suis tombé un jour, dans la « Oulitza Kaliméresque[3] », sur un bon vin en même

  1. En Orient : vendeur de la boisson chaude préparée avec la farine salep.
  2. Homme aisé.
  3. Ancien faubourg de la vieille Braïla.