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Cette déclaration fit partir Adrien comme le vent.

Sa mère préparait le dîner. Il s’arrêta au milieu de la chambre, les yeux humides, les joues rouges, les cheveux en l’air ; n’ayant pas préparé ce qu’il allait lui dire, sa voix s’étrangla nettement. Mais elle le devina et s’exprima plus vite que lui :

« Tu es de nouveau dans tes nuages !

— Oui, maman…

— Eh bien, s’il s’agit de me rejouer la musique de tout à l’heure, je t’en prie !… Fais ce que tu crois pouvoir faire sans trop me déchirer le cœur, et ne t’occupe plus de moi. C’est mieux comme ça.

— Il ne s’agit d’aucune chose déchirante, maman, » répondit Adrien ; « je suis sans travail pour huit jours, peut-être plus, et je voudrais accompagner Mikhaïl à la foire de S… Ce serait une bonne occasion pour moi de visiter cette belle contrée-là et de gagner en même temps ce que je perds de l’autre côté.

— Vous ne serez que vous deux ?

— Oui…, non… il y aura encore Stavro…

— C’est joli !… Ça va de mieux en mieux… Encore un « philosophe », pour toi, probablement ? »

Et sur le silence de son fils, elle ajouta :

« Enfin, tu peux aller !…