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« Salep ! Salep ! Voilà les salepgdis !…

— N’est-ce pas, Stavraki, que la terre reste belle ?…

— Ah, Barba Yani ! Comme vous avez raison !… »

La terre est belle ?… Mais non, c’est un mensonge !… Toute la beauté vient de notre cœur, tant que ce cœur est plein de joie. Le jour où cette joie s’envole, la terre n’est plus qu’un cimetière. Et la belle terre du Liban fut un cimetière pour mon cœur et pour le corps de Barba Yani.

Un jour, près de Dlepta, une attaque brusque et inattendue le jeta contre terre, la tête en avant ; il heurta un rocher et se blessa.

« Barba Yani ! Aman, Barba Yani ! Que faites-vous ? Vous avez mal ? »

Non, Barba Yani n’avait plus mal Le mal resta pour moi…

Ce fut le ver rongeur de ma vie d’après. La nostalgie de cette amitié perdue et le désir de chercher, malgré tout, une affection me décidèrent, quelques années plus tard, à retourner dans mon pays, à m’approcher