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d’Alep. Notre boisson chaude fut prise d’assaut par les soldats, (c’est le cas de le dire). Les officiers vinrent eux-mêmes s’en régaler ; et comme nous avions des charbons ardents sous nos ibriks, ils restèrent à se chauffer et à converser. Un officier supérieur racontait à son subalterne l’anecdote où un général, ami d’Alexandre le Grand, opina en faveur de l’offre de paix proposée par Darius :

« J’accepterais, si j’étais Alexandre, avait dit le premier. À quoi, le grand conquérant avait répondu :

— Et moi aussi, si j’étais… si j’étais…

L’officier turc s’embrouilla :

« Ah ! » fit-il, » comment s’appelait cet ami d’Alexandre ?

— Parménion ! »
répondit Barba Yani, qui écoutait leur conversation.

« Bravo, vieux ! « s’exclama l’officier. « Comment sais-tu cela ? En vendant du salep on ne se rencontre pas avec Alexandre le Grand !…

— Mais oui ! » répliqua mon ami. « Tout le monde a besoin de se chauffer, comme vous voyez ! »

Cette allusion à double sens plut à l’officier. Il daigna causer avec nous ; mais, à ce moment, mon regard croisa le sien :