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« Eh oui, Stavraki, je comprends que tu es une « vilaine bête », parce que les belles bêtes qui étaient dehors, elles n’y sont plus, ou j’y vois mal ! »

D’un bond, je fus sorti, mais je ne pus saisir que le bruit d’un galop furieux résonnant dans la nuit.

Une heure plus tard, titubant dans l’obscurité et tombant dans tous les trous, Barba Yani me criait, en guise de remontrance :

« Tu as voulu « honorer notre chance ! » Eh bien, marche maintenant à pied, sacré enfant têtu que tu es ! Et pour te consoler, chante-moi : De nouveau tu t’es saoulé ! »

Bonheur de sentir son cœur palpiter dans la bonne terre humaine, dans cette terre de qualité supérieure qui vous transmet sa sève vivifiante ! Malheur à qui ignore cela !…

Pendant des années, durant lesquelles ma vie n’en forma qu’une seule avec celle de Barba Yani, la nature elle-même eut un aspect accueillant, fraternel, poétique. Tout me paraissait beau et digne d’être vécu. La laideur perdait sa répulsion, la sottise se heurtait à nos railleries, la roublardise était démasquée, la violence des forts me semblait supportable. Quand le contact avec le vulgaire nous