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sablonneuses, amène un froid glacial. Quand le soleil surgit à l’horizon du Levant, je grelottais de tous mes membres, je crus contracter un refroidissement qui me coûterait la vie. Je me disais : « Si je meurs dans ce repentir, Dieu me pardonnera, mon âme n’ira pas dans l’enfer éternel. »

Je me levai et repris le chemin de retour. En route je mangeai un petit pain ; les trois autres, je les donnai au chien, qui était plus affamé que moi.

En peu de temps, le soleil commença à me chauffer le dos ; alors je sentis une paix bienfaisante germer en moi. J’arrivai au village. Il me parut moins laid. Là, le chien me quitta. Cela me causa quelque peine ; lui caressant la tête, je me séparai de lui comme d’une connaissance aimable faite dans un court voyage.

Seul, maintenant, et toujours serré à la gorge par l’idée de mon Kémir, je pris la route du bois de Baptouma et de Damas. Une longue caravane de chameaux me croisa en chemin, sans m’effrayer. Je rentrai dans les allées de Baptouma un peu avant midi et par un temps resplendissant ; je fus étonné du mouvement. En voiture ou à pied, des hommes en beaux vêtements turcs, des femmes jeunes et belles, — la plupart n’ayant que le bas du visage légè-