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val, stoppa et me posa une question en arabe. Je ne sus que lui répondre ; il disparut, me laissant une impression agréable, car il me rappelait la belle tête de Cosma.

Bientôt je pénétrai dans un village aux habitations primitives, où des hommes, assis par terre, tournaient le bois en se servant de leurs pieds nus aussi adroitement que de leurs mains. Des femmes vêtues de loques noires, sales et à la face voilée, — vrais épouvantails, — portaient des cruches ovales sur la tête, tandis que des enfants crasseux et maigriots jouaient et criaient comme de petits diables. Devant un four construit de boue et à moitié enfoncé dans la terre, un homme sortait des petits pains chauds, plats comme des assiettes à dessert. Une odeur de pâte crue me frappa l’odorat.

J’allais sortir du village, quand je m’aperçus qu’un chien me suivait docilement à un pas de mes talons. Je m’arrêtai. Il s’arrêta ; nous nous regardâmes dans les yeux. C’était un chien aux poils gris foncé, grand comme Loup ; mais, le pauvre, il n’avait rien de la dignité, de l’allure indépendante, du calme conscient de l’autre. Il baissa la tête avec humilité et se tapit de peur. L’expression de ses yeux était incertaine, humble et troublée. J’eus pitié