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fâché. Et remettant le tout dans mes poches, il s’en alla, disant :

« Tout de même : tu n’avais pas, dans ce Kémir, de quoi t’acheter un chameau, car, dans ce cas, tu ne serais pas venu coucher chez moi ! »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’avais dans le Kémir de quoi m’acheter beaucoup plus qu’un chameau. J’avais quatre-vingt-trois livres turques en or, neuf bagues avec pierres, et la montre ! Et avec cette fortune sur moi, si, j’étais venu coucher chez lui !…

Ce n’est pas vrai du tout, que l’être humain soit une créature qui comprenne la vie. Son intelligence ne lui sert pas à grand’chose ; par le fait qu’il parle, il n’en est pas moins bête. Mais là où sa bêtise dépasse celle des animaux, c’est quand il s’agit de deviner et de sentir la détresse de son semblable.

Il nous arrive, parfois, de voir dans la rue un homme à la face blême et au regard perdu, ou bien une femme en pleurs. Si nous étions des êtres supérieurs, nous devrions arrêter cet homme ou cette femme, et leur offrir promptement notre assistance. C’est là toute la supériorité que