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peut-il résulter d’un baiser qu’une femme donne à un jeune homme ? » Car j’étais maintenant un « jeune homme ». Elle l’avait dit ; mes vêtements, mon indépendance, mes apéritifs coûteux le prouvaient. Seule ma raison ne le prouvait pas, car je perdis la tête. Mais qui, dans la vie, se trouve embarrassé par la raison ?

Un après-midi, je contemplais de ma fenêtre la multitude qui fourmillait sur la place ; je pensais au jeu, à la voix et à la mimique de l’actrice, me rappelant douloureusement les ingénuités de Kyra, — quand la porte s’ouvrit et la chanteuse entra. J’eus peur.

« Ne crains rien, mon petit : il est en bas, engagé dans un gros jeu d’argent. »

Elle m’enlaça le cou. Je protestai :

« Je ne veux pas que vous restiez ici !

— Comment ? Tu me chasses ? Et moi qui t’aime… et me croyais aimée ! » fit-elle, tendrement, en m’embrassant. Je restai près d’elle, sur le lit, ne me trouvant pas trop mal. Et je ne sais pas comment, tout en me caressant, elle ouvrit la porte et attrapa vivement un plateau sur lequel il y avait une bouteille de vin étranger et des gâteaux secs. Je les trouvai délicieux ! Elle en fit venir d’autres. Je lui tins tête, un peu par gourmandise et davantage par