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jeunes ou vieux, beaux ou laids, ils étaient tous pleins de vie. Partout des rires communicatifs, partout des plaisanteries joyeuses. Ils avaient, pour chacun des habitués, un petit mot complaisant, et chacun y trouvait son compte. Comme j’étais un de ces habitués, j’eus, moi aussi, mon petit mot. Et mon compte fut joli…

Ces artistes étaient des Italiens, des Grecs et des Français. Ils habitaient le même hôtel que moi. Sur un couloir étroit, en face de ma chambre, logeait un jeune couple grec qui chantait fort bien. L’homme me déplaisait, mais la femme était à gober dans un verre d’eau ! Et je la gobais de mon mieux, en cachette. Elle s’en aperçut. Seule et presque déshabillée à sa toilette, sa porte se trouvait toujours ouverte aux heures où je sortais. Cela me gênait fort, et je fermais les yeux tant que je pouvais ; mais quelqu’un de plus fort que moi me les ouvrait.

Et voilà qu’un jour, nous croisant dans l’obscurité du couloir, elle me prit dans ses bras, me donna un baiser assez bon, et dit :

« Il est trop timide ce jeune homme ! Faut l’encourager ! »

Étourdi de cette aventure, je me dis dans ma chambre : « Eh bien ! Quel mal