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arracher le fer. Peine perdue ! Je m’affolai. Dehors : pleine lune, nature calme, espace, liberté… Ici : prison, débauche, tyrannie… Je voyais l’arrivée du bey et le recommencement de la sarabande avec tout son cortège. Je me sentais englouti. La chambre me parut une cage infernale saccagée par les démons. Un frisson glacial traversa mon dos, des sueurs froides inondèrent mon visage, un tremblement furieux saisit mon corps et le secoua au point que je me mordis la langue au sang.

La montre marquait deux heures du matin. Silence sépulcral dans toute la maison.

Vivement, je pris de petits bois d’allumage et du papier, je fis un foyer sur l’embrasure de la fenêtre et j’y mis le feu. Peu après, tremblant de tous mes membres, épouvanté par mon acte, je regardai le cadre se dévorer de flammes, la chambre se remplir de fumée et le parc s’éclairer. Je serrai les mâchoires avec mes deux mains pour ne pas crier aux secours ; dans un effort suprême je saisis un crochet, j’arrachai deux barreaux, qui tombèrent à l’intérieur avec des charbons ardents. Puis, fébrilement, je ramassai mon trésor et sautai dans le parc, où je me mis à courir à toutes jambes vers le mur !…