Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prodiguèrent force tendresses. Alors je m’arrachai de leurs bras, et empoignant les pinces de la cheminée je dévastai toute la chambre, brisant glaces, vases, statuettes, bibelots, tout ce qui tomba sous ma main.

Épouvantées, les dégoûtantes amoureuses se sauvèrent, allant rapporter à Moustapha-bey que je me refusais à voir les quatre belles jeunes filles de tout à l’heure dans ces « salopes » aux visages de hibou.

Après cette nuit d’orgie, je m’enfermai pendant vingt-quatre heures dans ma chambre et refusai de recevoir qui que ce fût. La nourriture me donna des nausées ; je l’offris toute à Loup, à qui j’avouai ma bassesse.

Enfin, écœuré jusqu’au fond des entrailles par l’abjection où le bey voulait me jeter, je décidai de me pendre, et je demandai mon maître pour lui dire que s’il ne consentait pas à me lâcher, je mettrai mon plan à exécution par n’importe quel moyen. On me répondit que le bey était parti pour un voyage de dix jours. Cette nouvelle inattendue fut pour moi une grande surprise et un immense soulagement ; du coup, ma tête se prit à l’idée de m’évader.

Nous étions au mois de mars. Le lendemain du départ du bey, je me promenais