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— Eh bien, alors je veux mourir ! » dis-je, tournant ma tête vers le mur.

Oui, je voulais mourir. Mais on ne meurt pas comme on veut… Trois semaines plus tard, je quittai le lit pour entrer dans une longue convalescence ; au cours de ce mois, je ne sortais d’une crise de nerfs furieuse que pour tomber dans un hébètement mélancolique.

Tout ce que le bey m’apporta comme cadeau je le piétinai, le brisai, le déchirai. Je jetai contre les barres de la fenêtre mon beau narguilé, et je mis le bracelet en miettes. Enfin, à la seule apparition du tyran dans ma chambre, j’arrachais mes vêtements.

Et cependant, une distraction bien tendre, innocente, et inattendue vint mettre un peu d’ordre dans mon organisme déséquilibré.

C’était en hiver, l’hiver doux et sensuel du Bosphore. Seul dans ma chambre depuis le matin jusqu’au soir, toute ma vie était de regarder le parc par les trois grandes fenêtres du rez-de-chaussée que j’habitais. Pour amener un mouvement de vie de ce côté désertique du parc, je jetais par les fenêtres des débris de mes repas : pain, fruits, viande, dans le but de rassembler des oiseaux. Bientôt, nombre de moi-