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bey fut de dire aux deux domestiques, en ma présence :

« Vous accompagnerez M. Dragomir à cheval deux jours par semaine, une promenade d’une heure, et toujours au trot, mais vous répondrez de lui sur vos têtes. Je vous ordonne de décharger vos fusils dans le ventre de sa jument à la première tentative de fuite ! »

S’adressant à moi :

« À l’intérieur, également, vous n’êtes plus libre de circuler que dans votre appartement ! »

Les domestiques n’eurent pas trop de peine à appliquer ces aimables dispositions, car, le jour même je tombai malade et m’alitai. Pendant toute une semaine je fus sans connaissance, en proie à la fièvre et au délire.

Quand je revins à moi, je trouvai ma chambre transformée en une vraie infirmerie. Deux médecins veillaient à tour de rôle à mon chevet. Moustapha-bey, lui, était tout simplement affolé. Oubliant le grand personnage qu’il était, il se roula à mes pieds et me demanda pardon.

« Vous me laissez partir ? » demandai-je.

« Mais cela ne se peut pas, mon âme ! Demandez-moi autre chose, tout ce que vous voudrez !…