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sortait du sol, un beau cerf surgit droit sur le chemin ; mais, le temps d’une seconde, il disparut à droite, du côté où Ahmède l’attendait.

« Nous l’aurons ! » me cria le bey. « Je cours le prendre de flanc ! Restez ici et gardez le passage, pour lui faire rebrousser chemin !

— Reste, toi, et, tiens, voilà aussi ton fusil ! » lui hurlai-je en le voyant partir au galop. Jetant l’arme et la musette, j’obliquai à pic vers la vallée, quittai le chemin, m’enfonçai dans la futaie dense de sapins ; tombant aussitôt après sur une bonne route, je lançai la jument ventre à terre ; ma liberté ou ma mort dépendait de cette galopade.

« Amour de Kyra, viens à mon aide », implorai-je, collé sur la nuque de l’animal.

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Je devais avoir fait cinq lieues au moins depuis le lieu de la chasse quand, par une lumière resplendissante d’automne, je fis halte dans un bocage situé sur la Maritza. Je laissai la jument paître et se reposer. Moi, écrasé de fatigue et hébété de bonheur, je m’allongeai sur ma couverture. Un sentiment de crainte, pourtant, me tenaillait : dans ma course, j’avais été vu par les habitants des hameaux et par des