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que le bey jouait aux échecs avec l’hôte, je me trouvais également engagé dans une partie de jaquet avec mon domestique. Nous étions seuls. Pour arriver à ce que je voulais, je fus tendre, sentimental, et je lui exprimai discrètement mon désir de me sauver. Il fit la sourde oreille. Alors je lui promis mon or et mes bijoux. Il s’y refusa.

« Comment, Ahmède, on dit qu’en Turquie on achète tout ce qu’on veut avec de l’or.

— Oui… on achète… », murmura-t-il. « Mais celui qui vend doit obtenir suffisamment d’or pour qu’à son tour il puisse racheter sa tête… Et vous n’en avez pas assez. »


Il ne me restait plus maintenant que de mettre ma vie en jeu dans une fuite désespérée. Je savais que je pourrais être tué comme un chien, et cependant je n’hésitai pas une minute.

Nous nous trouvions dans une région montagneuse, boisée, fort propice à mon dessein. Le lendemain, de très bonne heure, nous nous mîmes à gravir une route difficile, parmi les sapins, escortés de cinq hommes à cheval qui devaient organiser une battue. Pour ne pas laisser le temps