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Il le fit d’une façon toute naturelle, car il m’aimait sincèrement ; mais que le diable emporte la sincérité des passionnés ! Le plus souvent, ce n’est qu’un narcotique voluptueux.

Moustapha-bey commença par introduire Kyra dans la maison en donnant son nom à des choses sympathiques. Ainsi, apprenant que narguilé et bracelet sont, en roumain, des noms féminins, il m’apporta, successivement, le plus beau narguilé que j’eusse jamais vu ; puis, un fort précieux bracelet. Sur les deux, il y avait, gravé, le mot : Kyra, que je ne sus pas lire. Et à peine étais-je depuis un mois dans sa maison, qu’un jour, nous trouvant dans le parc, il arriva, conduisant par la bride une superbe jument, jeune, souple, capricieuse et impatiente comme Kyra :

« Tenez, » me dit-il, « voici la plus belle Kyralina que je puisse vous offrir ; elle est à vous ! »

Aussitôt il me fit monter, me familiarisa avec ses mouvements déréglés ; encadré entre lui et mon domestique, tous deux à cheval, nous sortîmes faire un tour d’entraînement dans les environs pittoresques qui s’étendaient au nord de la villa.

Fait certain et consolant : à aucun moment de cette courte époque de triste opu-