Là-dessus, il me montra ma chambre et me recommanda aux soins d’un domestique qui devait être attaché à ma personne. Mes bijoux et mes vêtements, d’après lui, « trop fastueux, même indécents », furent remplacés par d’autres plus « dignes ». Et en échange de toutes ces amabilités, une seule condition me fut posée : c’était de ne plus fréquenter les grands cafés, et de ne pas sortir trop souvent en ville :
« C’est dans votre intérêt », ajouta-t-il ; « Nazim ne renoncera pas si facilement à sa proie, et un jour vous pourrez vous voir coiffé d’un capuchon ligoté et embarqué comme un simple sac de yénibahar[1]. »
Cette perspective me jeta dans la terreur. Du coup, je me sentis attaché à lui et à la quasi libre captivité que je voyais s’ouvrir devant ma jeune adolescence.
Il y a plusieurs moyens pour livrer à la perdition une âme passionnée ; le plus facile c’est de parler tendrement. Et comme tout mon cœur, ce temps-là, était Kyra, Moustapha-bey m’en parla et me fit parler de Kyra.
- ↑ Avoine.