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bien qu’insensiblement nous nous trouvâmes sur les eaux de l’autre rive. Et enfin notre curiosité fut satisfaite ; nous fûmes sur le voilier. Il était grand et neuf. L’odeur de goudron nous monta au nez ; et de toutes les explications que l’Arabe nous donna sur le rôle des voiles, des mâts et de la forêt de cordages, nous ne comprîmes rien.

Nazim Effendi nous reçut en cafetan et en babouches, dans sa somptueuse cabine-salon, placée à côté du mât de misaine. Jamais nos yeux n’avaient vu pareille richesse en tapis d’Orient, en cuivres, coussins brodés au fil d’or, moucharabieh en miniature, et immense panoplie d’armes : arquebuses, cimeterres, pistolets, yatagans, tout en filigrane avec des incrustations d’or, d’argent et d’ivoire. Des parfums à l’arôme inconnu nous chatouillèrent agréablement les narines. Sur les parois couvertes de tapis, s’étalaient, à la place d’honneur, le portrait du sultan Abd-ul-Medjid et l’emblème de la Turquie, des cadres avec des versets du Coran en belle écriture arabe, et des portraits d’odalisques à la beauté éblouissante qui attirèrent les regards de Kyra : elle s’exclama :

« Comme elles sont belles !