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très sale, mais très pratique pour nous, car elle nous permettait d’aller et de venir sans être vus : c’était une petite porte qui ouvrait devant un escalier primitif pratiqué dans le talus, du côté du port, et cet escalier se trouvait juste au-dessous de nos fenêtres. Lorsque nous fûmes habitués au malheur, nous disions, en riant, que c’était encore mieux qu’à la maison, car la pente sous les fenêtres de maman n’avait pas d’escalier.

Nous nous sauvions le matin de bonne heure, après avoir déjeuné, et nous rentrions à midi. On nous servait les repas dans nos chambres. Les après-midi également, nous les passions dehors. Comme la moisson était finie, Kyra prenait grand plaisir à aller ramasser des épis de froment, faire des gerbes et les offrir aux pauvres glaneuses qui se courbaturaient sur les champs. Ou bien, nous allions courir sur les terres en friche, où broutaient des milliers de brebis, dont la masse mouvante se déplaçait sans cesse, laissant derrière elles le sol couvert de leurs crottes, ainsi que de flocons de laine accrochés dans les chardons. De vieilles femmes allaient de chardon en chardon, et ramassaient les flocons. Nous les imitâmes et leur offrîmes notre joyeux butin.