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son narguilé. Il se leva et nous fit une révérence :

« Puis-je vous demander pourquoi vous sortez si tôt ? » dit-il, très respectueux, en turc.

« Abou-Hassan, nous avons peur de la police et de notre père », répondit Kyra, dans la même langue.

— Je réponds de vos personnes, mademoiselle, tant que vous serez tranquilles dans ma maison. »

Et, jetant un coup d’œil derrière lui, il ajouta très bas :

« Vous êtes ici pour cela. »

Je n’ai jamais su ce qu’il en était de cet homme, ni le commerce qu’il avait avec la famille de ma mère ; mais je sais que, vraiment, personne ne vint nous déranger chez lui ; et le père ne se montra plus. Cependant comme nous n’en croyions rien, nous nous éloignâmes quand même ; et alors, commença cette belle et triste vie, qui dura un mois, et qui était toute remplie de soleil et de vagabondage.

Ce fut quelque chose de nouveau pour nous, une volupté inconnue, une autre vie, deux oisillons qui s’échappaient de la cage et essayaient leurs ailes, en se jetant avides dans la lumière !…

L’auberge avait une sortie par derrière,