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leur projet. Mais ce que les ursitele[1] ont décidé est plus fort que notre désir ; — et qui sait si la volonté de Kyra n’était pas leur volonté ?…

Elle courait à la glace pour se regarder et aux fenêtres de la cour pour écouter, embrassait ses cheveux, dansait avec son voile, et se jetait sur les coussins, en riant étrangement. Puis, tout à coup, elle devint pensive, se leva, alla dans une chambre voisine et revint avec un petit poignard :

« Vois-tu ça ? » me dit-elle sourdement ; « si tu trahis la présence de nos oncles, je le planterai dans mon cœur. Et tu resteras seul !… Je le jure sur ma mère ! »

Je m’épouvantai. Cette idée ne m’était pas venue. Je suppliai Kyra :

« Remets-ça en place, Kyra ! À mon tour, je jure sur ma mère que je ne dirai rien… »

Mais elle mit le poignard quand même dans son corsage.

À peine avait-elle eu le temps de le cacher que les gonds de la porte crièrent une lamentable plainte qui résonna dans mon cœur comme un hurlement d’agonisant. Kyra frémit, ses yeux lancèrent des flammes, et elle se jeta sur le sofa, à ma droite, en me soufflant à l’oreille :

  1. Les trois fées qui président à la naissance.