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de l’air fit frissonner Kyra ; l’oncle, tout en causant à voix basse, prit les deux manteaux et nous en enveloppa. Ainsi, nous restâmes jusqu’aux pleines ténèbres. Alors, les deux hommes se levèrent. L’aîné dit à ma sœur :

« Eh bien, Kyra Kyralina, vipère à l’haleine douce, fille de libertine : ainsi soit-il !… Ton désir a fait bouillonner mon sang… Nous essaierons, ce soir… Pour cela, toi et ton frère, vous nous servirez d’hameçon. »

Kyra plia le genou et lui baisa la main. Je fis comme elle, prenant la main de l’autre homme, qui me demanda :

« Toi aussi, Dragomir, tu réclames la vengeance ?

— Je hais mon père et mon frère », dis-je.

Le plus âgé sauta sur son cheval et souleva Kyra, l’asseyant devant lui, en travers, pendant que le cadet me prenait en croupe et m’attachait à lui avec une courroie. Ils sortirent du champ au pas, mais, une fois sur la route, le premier toucha de ses étriers le ventre du cheval qui partit au galop, suivi par le nôtre à vingt pas en arrière.

Nous courûmes ainsi, le temps de fumer une cigarette. Ensuite, arrivant aux abords de la cité, ils tournèrent à gauche, par une route qui tombait en ligne droite sur le