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L’oncle enleva l’arme de ses mains, s’assombrit et parla :

— Kyra… Dieu a eu tort de te faire femme !… En parlant de vengeance, je pensais à quelque bastonnade que tu voudrais faire appliquer à des amoureux qui t’auraient embrassée malgré toi… Mais tu parles des choses que nous avons déjà en tête : tu verses de l’huile sur le feu… »

Et après une courte pause :

« Dis-moi, fillette de l’enfer, n’auras-tu pas une peur mortelle en voyant, ce soir, la tête de ton père voler en éclats ?… »

Les yeux écarquillés, et rouge comme le feu, elle répondit :

« Je tremperai mes mains dans son sang et je m’en laverai le visage !… »

L’oncle fronça les sourcils et plongea son regard dans le brasier du soleil couchant, comme s’il prêtait l’oreille au chalumeau lointain d’un berger qui se lamentait. Puis, il se mit à parler en grec avec son frère, en hachant les mots, pour les rendre encore plus incompréhensibles.

Autour de nous, les chevaux broutaient l’herbe et éternuaient, dociles comme deux moutons, tandis que la nuit descendait autour des deux tabié qui devenaient noires.

Nous étions silencieux… La fraîcheur