« Qui te fait peur ?…
— Vos armes, vous en avez trop… »
Il partit d’un rire homérique :
« Ha !… ha !… ha !… Mon brave Dragomir !… On n’a jamais trop d’armes, lorsqu’on est brouillé avec Dieu et la justice de ses créatures !… Mais tu ne comprends pas cela, à ton âge… »
À ce moment, Kyra se jeta à genoux, réunit ses mains comme dans une prière, et cria :
« Je comprends cela, moi !
— Et que comprends-tu, Kyra Kyralina, jeune tige de rosier ?
— Je comprends que les hommes sont mauvais et que tu les châties !…
— Bravo, Kyralina !… » cria-t-il, claquant des mains. « Est-ce que ton jeune cœur nourrirait quelque vengeance ?…
— Une sainte et juste vengeance !… »
Et, prononçant ces mots, elle souleva la lourde arquebuse qui gisait sur le manteau, l’embrassa et cria :
« Tu déchargeras ça, pas plus tard que ce soir, dans la poitrine de mon père !… Et ton frère fera même justice à mon aîné !… Faites cela, je vous en conjure, au nom de notre mère qui nous a quittés !… Vengez deux orphelins, et je me ferai votre esclave !… Vous m’emporterez avec vous !… »