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Dans les premiers jours de janvier 1921, une lettre me fut transmise, de l’hôpital de Nice. Elle avait été trouvée sur le corps d’un désespéré, qui venait de se trancher la gorge. On avait peu d’espoir qu’il survécût à sa blessure. Je lus, et je fus saisi du tumulte de génie. Un vent brûlant sur la plaine. C’était la confession d’un nouveau Gorki des pays balkaniques. On réussit à le sauver. Je voulus le connaître. Une correspondance s’engagea. Nous devînmes amis.

Il se nomme Istrati. Il est né à Braïla, en 1884, d’un contrebandier grec, qu’il n’a point connu, et d’une paysanne roumaine, une admirable femme, dont la vie de travail sans relâche lui fut vouée. Malgré son affection pour elle, à douze ans il la quitte, poussé par un démon de vagabondage, ou plutôt par le besoin dévorant de connaître et d’aimer. Vingt ans de vie errante, d’extraordinaires aventures, de travaux exténuants, de flâne-