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« Il s’est donné une entorse à la cheville, en dégringolant le talus, le soir de la dernière réunion !… » répondit le convive.

Et dans l’hilarité générale, il expliqua comment le bonhomme rageait, à ce moment dans son lit, en compagnie de son masseur. Cela rendit soucieux le guitariste, qui était trapu et lourdaud. Il alla à la fenêtre et mesura la distance de l’œil. Un moussafir le calma en l’instruisant :

« C’est pas très haut !… Deux mètres tout au plus. Seulement, il ne faut pas sauter trop en avant, mais vous laisser glisser doucement et vous tenir ferme sur la pente. En bas de la côte, vous trouverez votre fez et votre guitare !… »

On rit, et on recommença la danse.

Cet événement se passait vers le mois de juin, peu avant la moisson.

Du côté de la cour, les fenêtres étaient bouchées par de lourdes draperies, tandis que celles qui ouvraient sur le Danube n’avaient que des brise-bise. Et nous étions tous fatigués quand, ce matin-là, l’aube jeta sa blancheur dorée sur les vitres. On bâillait… L’atmosphère était empestée par la fumée des narguilés, malgré les aromates brûlés.