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quements de mains des quatre moussajirs, ainsi que de leurs voix mâles.

Après chaque jeu et chant, maman servait des liqueurs, des cafés et des narguilés. Deux grosses tavas[1] avec cadaïf et sarailié s’offraient appétissantes aux yeux des gourmets.

Comme je ne faisais plus de veille ce soir-là, je dansai avec ma sœur, avec ma mère, seul, et avec toutes les deux jusqu’à l’étourdissement. C’était la plus grande passion de ma courte enfance à la maison : celle qui me faisait obtenir de Kyra les caresses les plus folles. La danse arabe du ventre, que j’exécutai seul, fut si riche en mouvements, le soir de cette dernière fête, que les trois musiciens, qui étaient des connaisseurs, me complimentèrent et m’embrassèrent avec effusion. Kyra était au paroxysme. Maman s’exclama :

« Eh oui !… Celui-là est bien mon fils ; il n’y a pas de doute !… »

Lors d’un repos, pendant que tous les hommes, assis sur le tapis, les jambes repliées à la turque, fumaient bruyamment leurs narguilés, Kyra demanda ce qu’était devenu un de ses adorateurs les plus assidus.

  1. Plateaux à gâteaux.