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son père occasionnel, pour l’engendrement de son avenir complémentaire.

— Y’ a-t-y des hommes qui sont canailles, tout de même ! s’exclama la bonne Sophie.

Et toute la nuit, dans sa soupente, Zouzoune pleura sur l’infamie de ces monstres d’hommes, qui partent ainsi pour l’Australie avec des négresses, sans même daigner vous rendre le léger service, qu’on leur demandait bien poliment, de faire sauter enfin votre vertu.


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Bien qu’étant sorti les poches vides, Casimir rentra avec une cuite superbe. Et, pourtant, il devait posséder encore des sous, comme Sophie le constata par un stratagème qui ne ratait jamais. Il lui suffisait de dire à l’ivrogne : « Ôte tes godasses, que je les cire ». Car elle savait depuis longtemps, cela va de soi, que Casimir cachait le reste de son argent dans ses souliers, quand il lui avait été impossible de tout boire en une seule séance. S’il consentait à ôter ses godasses, c’est qu’il était fauché. S’il refusait avec une énergie farouche et des prétextes idiots, Sophie, bien entendu, ne caressait point, pour cela, l’absurde espoir de palper jamais la moindre part du contenu des bottines. Elle savait, du moins, qu’il était juste et équitable de ne pas trop rogner sur sa nourriture et sur celle de Zouzoune, pour jeter quelques ingrédients solides dans le petit lac de spiritueux que formait l’estomac de Casimir.

Or, bien qu’ayant, de toute évidence, longuement pataugé dans une boue épaisse, et même dans autre chose encore, le pochard, ce soir-là, s’obstina à déclarer que ses pompes étaient magnifiques, luisantes de propreté, prêtes à le conduire, s’il le fallait, dans les salons les plus huppés du plus grand monde, nom d’une cuite ! D’où Sophie conclut que pour pouvoir encore, avec un Pompon aussi soigné, céler quelque galette dans son coffre-fort en box-calf, Casimir avait dû connaître la joie exquise d’une rentrée importante.

Sans daigner s’expliquer sur ce point, l’ivrogne déclara, avec sa grandiloquence coutumière :