Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
par un beau dimanche

Voulez-vous me lâcher, nom d’un chien ! beuglait Hougnot en se débattant comme un beau diable.

Le docteur n’en serrait que plus fort, en répétant à pleins poumons ses : « Coucou !… Parti, le petit Walthère !… » Hougnot criait, se démenait de plus belle. Les jeunes filles multipliaient vers l’arbre des signaux muets, mais impérieux. L’amoureux, comprenant enfin son imprudence, se mit à descendre en toute hâte de son perchoir. Soudain, la branche à laquelle il s’accrochait se rompit avec un bruit sec, et le jeune homme disparut beaucoup plus vite qu’il n’était grimpé, dans un sourd bruissement de ramures froissées. Marie, portant la main à sa bouche, parvint à réprimer le cri d’effroi qui lui montait aux lèvres. Et rien ne bougea plus derrière la haie, sauf l’arbre qui tremblait encore un peu, très légèrement.

Sur un signe pressant de Joséphine, les deux jeunes filles partirent alors d’un grand éclat de rire, un peu forcé peut-être, et le docteur, ayant préparé son ricanement abruti des grandes circonstances, lâcha les deux coins de la serviette. M. Hougnot se dégagea enfin, rouge de colère, bégayant de rage, et proféra, la main levée sur son beau-frère :

— Vous êtes un idiot !… Vous mériteriez de recevoir des claques !

Le rire des jeunes filles monta en crescendo et l’oncle Brusy ricana de plus belle.

— Qu’y avait-il ? Que s’est-il passé ? demanda le père en promenant autour de lui des regards féroces.

— Rien du tout !… Il ne s’est rien passé… C’est une farce… une bien bonne farce ! hoquetèrent les autres entre deux éclats de rire.

— J’ai entendu du bruit par là ! dit Hougnot en se dirigeant soudain vers la haie.