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par un beau dimanche

gard sa trop grande et dangereuse ardeur. Précaution superflue, du reste. Ebloui par l’inespérée grosseur du chiffre, ce malin de Hougnot donnait, tête baissée, dans la fable naïve et si peu vraisemblable. Oubliant déjà sa fable à lui, l’occasion à saisir aux cheveux, l’affaire exceptionnelle à enlever sans délai, il murmurait, les yeux dans le vague :

— Un secret… Un secret… Il n’y a pas de secret que ne puisse deviner un bon commerçant… Qui donc peut avoir intérêt à racheter secrètement la maison ?… Mais j’y suis, parbleu !… C’est Lurson, le grand marchand de nouveautés ! Il veut démolir la baraque, puis l’épicerie et le magasin de parapluies qui lui font suite, pour s’agrandir de ce côté et avoir ainsi des vitrines sur trois rues… Mon cher Pascal, vous avez juré le secret, et ie respecte votre serment. Mais vous n’oseriez me soutenir, à moi, que ces offres d’achat viennent d’une autre personne que Lurson.

Le docteur, après un instant d’hésitation, répondit d’une voix faible :

— Je n’oserais vous dire, en effet, que j’ai reçu des offres d’achat d’une autre personne que Lurson.

Puis il songea, avec un douloureux regard vers les loyales beautés de la vallée inculte et sauvage :

— Te voilà englué jusqu’au cou, mon pauvre Pascal, dans les dangereux sophismes de la casuistique et de l’escobarderie.

— Cet aveu me suffit, reprit Hougnot. Lurson est le seul qui ait intérêt à acheter la maison. Nul autre que lui ne vous a fait des offres. Mon raisonnement est donc inattaquable : C’est Lurson qui veut acheter.

Et l’oncle Brusy admira combien les hommes