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par un beau dimanche

me fera jamais croire qu’une famille entière se soit logée là-dedans !

— C’est pourtant ce que j’ai vu de mes yeux, affirma le docteur. Il n’y a pas quinze ans que j’ai soigné, ici même, le père Faustin, qui fut le dernier habitant de cette demeure, où sa femme et lui élevèrent sept enfants. L’aîné de ses fils, installé dans une grosse ferme très confortable, offrit vainement au vieux, à vingt reprises, de l’héberger chez lui. Le père Faustin serait mort d’ennui, déclarait-il, dans toute autre demeure que la sienne. Il soutenait, du reste, avec une violence et un entêtement fort remarquables, que toutes les maladies de la vue sont causées par les fenêtres trop vastes, qu’une atmosphère enfumée préserve des maladies de poitrine, et que l’habitude de marcher sur des parquets amène inévitablement la goutte et l’hydropisie. Il est mort, dans cette chambre du fond, d’une fièvre assez bénigne en elle-même, mais qu’il s’obstinait à traiter par des cataplasmes de cloportes écrasés sur le sternum, jetant au feu toutes les potions que je lui apportais.

— S’il en est mort, il ne l’a pas volé ! opina M.  Hougnot. Votre père Faustin était un imbécile !

— Il faut reconnaître, avoua le docteur, que la bêtise est une maladie dont on meurt beaucoup. Du reste, à un certain point de vue, c’est une maladie physique comme toutes les autres, et si les médecins ne l’ont pas soignée jusqu’à présent, c’est que leur ignorance est encore trop grande pour cela.

— Leur ignorance !… Hahahaha !… Je ne te le fais pas dire, docteur, ricana M.  Hougnot.

Soudain, comme l’autre allait répliquer, il posa un doigt sur sa bouche, se glissa jusqu’à la porte que Marie avait fermée, y colla un instant son oreille, l’ouvrit d’une violente