Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
par un beau dimanche

village, affirma son beau-frère, car sa façade est tout entière en pierres de taille, ses autres murailles en moellons et son toit couvert d’ardoises. À l’époque où elle fut construite, c’était là un véritable luxe, puisque la plupart des paysans devaient se contenter de simples chaumines, closes de toutes parts des branches entrelacées dont les seules cloisons intérieures sont faites ici. En outre, le logement des hommes y est séparé de celui des bêtes, ce qui constituait alors une violation de l’usage presque encore général, et dut donc être blâmé par certains comme une innovation insolite, attentatoire au respect de la coutume et des bonnes mœurs. Somme toute, telle à peu près que nous la voyons, cette habitation a dû être considérée, pendant longtemps, avec admiration et envie, comme un gîte confortable et luxueux, réservé aux seuls privilégiés de la fortune.

— Les chambres de l’étage sont peut-être mieux aménagées, hasarda Marie.

— Il n’y eut jamais là-haut qu’un grenier à fourrages, déclara le docteur, car les nécessités du travail primaient, à cette époque plus encore qu’aujourd’hui, tous les désirs de luxe et de confort. La chambre à coucher du père, de la mère et des nombreux enfants était là derrière, dans cette espèce de caveau étroit et sombre.

— Mais pourquoi les gens d’alors faisaient-ils de si petites fenêtres ? demanda Joséphine. Ils n’aimaient donc pas la belle lueur du soleil ?

— Ils l’aimaient sans doute autant que nous, répondit le vieil oncle. Mais la nécessité les contraignait à s’en passer chez eux, parce qu’une petite fenêtre est plus facile à griller et moins facile à forcer qu’une grande. Or, en ces époques souvent troublées, les vols étaient fréquents, les meurtres n’étaient pas rares. La sûreté s’impo-