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par un beau dimanche

tour accidentel vers le type de la brute primitive !… Oui, monsieur !… Avec une boîte crânienne comme la vôtre, on ne peut avoir qu’une âme de Caraïbe, de Hottentot !… On peut présenter les apparences superficielles de la civilisation, mais on n’en reste pas moins, foncièrement, le sauvage imbécile, la brute égoïste qui abat l’arbre pour avoir le fruit, dévaste pour son plaisir d’aujourd’hui le champ qui le nourrirait demain, et se chauffe le ventre au soleil en regardant sa femme et ses petits qui travaillent comme des bêtes de somme… Avez-vous jamais agi autrement, monsieur le Hottentot ?… N’avez-vous pas bêtement dilapidé, par vos mœurs de macaque paresseux, paillard et gourmand, le patrimoine que vous légua votre pauvre père, la dot de votre première femme et l’héritage de sa fille Joséphine ?… N’avez-vous pas fait de même avec la dot de ma pauvre sœur Françoise, votre seconde femme, quand vous lançâtes cet argent dans d’absurdes entreprises qui vous jetèrent en pleine faillite en moins de trois ans ?… Apprenez que c’était inévitable, monsieur !… Un Caraïbe, un Hottentot, ne peut se hausser jusqu’au rôle de commerçant moderne parce qu’il manque, en sa cervelle obtuse, des éléments que peuvent seuls développer plusieurs siècles d’ancestralité civilisée. Or, ces éléments, chez vous, sont atrophiés ou en pleine régression… Oui, monsieur !… Vous deviez donc faire faillite, par incapacité fondamentale, et vous n’y avez fichtre pas manqué !… Là-dessus, toujours fidèle à la mentalité du sauvage, vous avez cyniquement vécu du travail de votre femme et de vos deux filles, à qui je dus payer un magasin de couture pour vous permettre à tous de subsister… Maintenant que ma pauvre Françoise est morte, tuée par le chagrin et les désillusions, ce sont vos filles qui vous nourris-