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par un beau dimanche

son pantalon qu’il ne pouvait inspecter pour l’instant.

Toutefois, se sentant en sûreté, il retrouva quelque assurance et se mit à crier, avec une politesse peu habituelle chez lui, sauf en cas de nécessité :

— Monsieur le vacher !… Monsieur le vacher !… Êtes-vous là, s’il vous plaît ?

Seul, le petit oiseau, toujours perché sur sa haie, répondit, en agitant les ailes et en faisant tourner son œil rond : « Cui, cui, cui ! »

— Monsieur le vacher !… Mademoiselle la vachère !… Venez reprendre vos bêtes, s’il vous plaît !

— Cui, cui, cui ! répondit le petit oiseau.

— Veuillez avoir l’obligeance de rappeler vos bêtes, je vous en prie, monsieur le vacher !

Ecœuré sans doute par tant de platitude, le petit oiseau s’envola, et plus rien ne répondit aux cris du pauvre prisonnier.

Cependant, les deux vaches paissaient toujours. Mais la rousse, soudain, manifesta une agitation singulière. M.  Hougnot, repris de peur, se demandait déjà si elle n’allait pas se dresser à l’assaut de son arbre ou essayer de le déraciner à coups de cornes. Il se rassura un peu en découvrant que la stupide bête ne s’occupait guère de lui, mais beaucoup trop de son haut-de-forme, qu’il avait laissé tomber, pour fuir, en même temps que sa belle canne à crosse d’argent. Ayant posé un pied dans le couvre-chef qui gisait sur le sol, la coiffe en l’air, la rousse traînait derrière elle cette étrange chaussure, sans parvenir à s’en débarrasser, et manifestait son inquiétude par des meuglements plaintifs, des coups de queue alternés le long de ses flancs et des piétinements de petite maîtresse nerveuse et agacée. Elle piétina si bien que son sabot finit par perforer le fond du chapeau pour reprendre